L’impact des bâtiments sur la santé et le bien-être
Faire de la qualité de vie au travail un enjeu de santé publique.
Bien qu’il soit souvent décrié pour être un facteur du réchauffement climatique, le dioxyde de carbone est rarement présenté comme nocif pour l’être humain. Pourtant, l’impact du CO2 sur la santé et l’efficacité est réel, tout particulièrement au sein des bâtiments. D’où l’importance de surveiller la qualité de l’air intérieur.
Le dioxyde de carbone, plus couramment appelé CO2, fait davantage parler de lui pour ses effets sur le réchauffement climatique. Il faut dire que l’impact du CO2 sur la santé n’est pas un sujet majeur, notamment car cette molécule n’est pas chimiquement toxique. Pour preuve, les êtres vivants en émettent naturellement lors de la respiration. Pourtant, les cas d’intoxication au dioxyde de carbone ne sont pas inexistants. L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) s’est d’ailleurs emparé du sujet suite à une intoxication collective au CO2 survenue au sein d’un établissement de restauration rapide [1]. Un épisode qui aura fait 9 victimes légères, les conséquences allant de sensations de vertiges à la perte de conscience.
Il faut savoir que le dioxyde de carbone est un gaz inodore et inoffensif à température ambiante et à concentration normale. En moyenne, l’air extérieur contient de nos jours environ 0,04 % de CO2, soit 415 ppm (parties par million) [2]. Une concentration qui – bien qu’elle progresse – est sans effet sur l’homme. Toutefois, le vrai problème vient de la qualité de l’air intérieur. Pourquoi ? Tout simplement car, en milieu clos, la concentration de CO2 est supérieure à celle mesurée en extérieur, notamment à cause du dioxyde de carbone expiré par les occupants. Une situation qui peut avoir deux conséquences majeures : une augmentation du risque pour la santé et une diminution de l’efficacité.
En raison des risques pour la santé que représente le CO2, il est recommandé que l’exposition moyenne d’une personne sur une période continue de 8 heures ne soit pas supérieure à 5 000 ppm, soit une concentration de 0,5 % [3]. Au-delà de ce taux, les conséquences pour la santé des occupants vont crescendo :
Selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le taux de dioxyde de carbone dans l’air intérieur des bâtiments est habituellement compris entre 350 et 2 500 ppm [5]. Toutefois, la concentration de CO2 dans les salles de réunion atteindrait régulièrement 2 500 ppm et même 3 000 ppm dans les salles de classe [6].
Certes, avec une concentration de 3 000 ppm, nous sommes encore bien loin des 20 000 ppm annoncés comme nocifs. Malgré tout, le danger n’est pas inexistant. En réalité, le CO2 va avoir des conséquences plus discrètes et impactera, notamment, l’efficacité et la concentration des occupants. Plusieurs études, dont l’une réalisée par l’Université de New York [7], ont d’ailleurs démontré ces effets, et ce, pour une concentration de « seulement » 1 000 ppm :
Le saviez-vous ? La concentration de CO2 dans l’air n’est pas encadrée en France.
Dans les logements comme dans les bâtiments non résidentiels, aucune réglementation n’encadre la concentration de CO2 intérieure en France, et ce, bien que le Règlement sanitaire départemental (RSD) recommande de ne pas dépasser le seuil de 1 000 ppm. Pour les professionnels, une valeur limite d’exposition est également donnée à titre indicatif, à savoir 5 000 ppm en moyenne pour une exposition sur 8 heures.
Si ces différentes conclusions peuvent démontrer un nouvel impact des bâtiments sur la santé , il convient néanmoins de rester prudent en l’absence d’études suffisamment représentatives. À titre d’exemple, l’étude menée par l’Université de New York ne portait que sur 22 participants. Le principe de précaution s’appliquant, il peut malgré tout être utile de surveiller la concentration de CO2 ainsi que son impact sur la santé et l’efficacité au sein des bâtiments. D’autant plus qu’il a déjà été prouvé que la qualité de l’air, dans sa globalité, a des conséquences sur l’organisme : une aération suffisante des espaces de bureaux permettrait, par exemple, de réduire les absences pour arrêt maladie de courte durée de 35 % [10].
Pour améliorer la qualité de l’air, et réduire les potentiels effets du dioxyde de carbone sur la santé, plusieurs actions peuvent être entreprises. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs recommandées par l’ANSES :
Pour ECUME, la qualité de vie au travail passe irrémédiablement par l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Pour réduire les potentiels effets du CO2 sur la santé et l’efficacité, une étape s’impose : l’analyse physique de l’environnement. C’est cet état des lieux – pouvant être couplée à une étude des autres sources de confort (température, luminosité et acoustique) – qui permettra d’œuvrer durablement au bien-être des occupants.
Sources :
[1] Intoxication par inhalation de dioxyde de carbone (PDF) – INRS – 1999
[2] Le niveau de CO2 dans l’atmosphère bat un record vieux de 3 millions d’années – National Geographic – 2019
[3] Dangers Physiologiques du Dioxyde de Carbone – AFGC
[4] Dangers Physiologiques du Dioxyde de Carbone – AFGC
[5] Concentrations de CO2 dans l’air intérieur et effets sur la santé – ANSES – 2013
[6] Is CO2 an Indoor Pollutant? Direct Effects of Low-to-Moderate CO2 Concentrations on Human Decision-Making Performance – Usha Satish et al – 2012
[7] Is CO2 an Indoor Pollutant? Direct Effects of Low-to-Moderate CO2 Concentrations on Human Decision-Making Performance – Usha Satish et al. – 2012
[8] The Effect of Indoor Temperature and CO2 Levels on Cognitive Performance of Adult Females in a University Building in Saudi Arabia – Energy Procedia – 2017
[9] Is CO2 an Indoor Pollutant? Direct Effects of Low-to-Moderate CO2 Concentrations on Human Decision-Making Performance – Usha Satish et al – 2012
[10] Risk of Sick Leave Associated with Outdoor Air Supply Rate, Humidification, and Occupant Complaints – Harvard School of Public Health – 2000